LES TRÉSORS D’ART DE LECCE

LES TRÉSORS D’ART DE LECCE 

Le patrimoine artistique de la ville de Lecce est célèbre dans le monde entier pour son style Baroque. Le coeur le plus ancien de la ville est sûrement Piazza S. Oronzo, située au centre de l’agglomération et caractérisée par une tradition des bâtiments qui s’est développée entre le Moyen-Âge et 1800. La place prend le nom du Saint patron de la ville photo-pouilles_057qui l’épargna d’une épidémie terrible de peste en 1656 qui avait frappé tout le Royaume. Les travaux commencèrent en 1681 et ils terminèrent en 1686, et quand en 1737, à l’occasion des célébrations en honneur du saint, une fusée brûla la statue on en commanda immédiatement une autre à Venise qui fut replacée en 1739 et qui est celle visible actuellement. La statue est placée sur une colonne haute 29 m dont le tronc et le chapiteau proviennent d’une des deux colonnes terminales de la Via Appia. Dans un côté de la place, passant par Via Augusto Imperatore, nous trouvons les restes de l’ancien Amphithéâtre romain, remontant au II siècle. apr. J.-C. Pour permettre de créer de nouveaux bâtiments le monument fut étouffé pour être ensuite redécouvert fortuitement en 1901 et être reporté à la lumière entre 1904 et 1938 grâce à l’engagement de C. De Giorgi. La construction de dimensions considérables, 102x82m a été réalisée en partie avec le creusement du terrain et en partie avec une architecture à arcades soutenues avec des piliers de tuf qui soutenaient un double ordre de grands escaliers dont on a conservé seulement la partie inférieure. Le théâtre se développait sur toute la place et très probablement sous l’église de S. Maria della Grazia et de quelques bâtiments adjacents. L’arène avait une forme elliptique et elle était placée à huit mètres de profondeur par rapport au niveau de la place. Autour de l’arène se développaient les deux ordres de grands escaliers sous lesquels serpentaient deux couloirs qui communiquaient avec un portique extérieur qui permettait l’accès des spectateurs. L’arène était séparée des grands escaliers par un haut mur garni d’un parapet revêtu d’une décoration en marbre contenant des scènes de chasse d’animaux féroces.

Un autre monument important situé au centre de la place est le Sedile, construit en 1588 et terminé en 1592 par maître Alessandro Saponaro. Il était utilisé par le maire pour tenir des audiences et pour administrer la justice. Le Sedile avait une fonction principalement symbolique et de représentation et il devint le siège de l’Hôtel de Ville en 1851, puis siège de la Garde Nationale et enfin Musée Civique.

Si de place S. Oronzo nous passons par Viale XXV luglio sur la droite nous rencontrons immédiatement le Château de Carlo V qui en 1570, selon Ferrari, était le château le plus moderne situé en Terre d’Otranto. Il fut construit par le même Carlo V en 1537 autour de l’ancien château médiévale édifié par Riccardo le Normand, comte de Lecce, à la marge orientale de l’agglomération. Des documents de l’archives d’état de Naples il résulte que pour recueillir les fonds nécessaires à la construction du Château la population fut taxée, pour 24 ans, avec un impôt de deux grains pour chaque boisseau d’huile et toujours pour le même but on appliqua un impôt de 4 grains à foyer, c’est-à-dire pour chaque famille. Tout ceci non seulement dans la ville de Lecce mais aussi dans celle de Bari.

Le haut donjon (c’est-à-dire la grande tour actuelle) et la torre mozza sont d’époque normande, pendant que l’enceinte extérieure, trapézoïdale, fut voulue par le roi espagnol et elle fut projetée par Giangiacomo dell’Acaya.

De la porte de la ville, après avoir parcouru le pont-levis, l’accès à la ville était garanti seulement par la Porta Reale sur laquelle il y avait le blason de la famille de Carlo V. L’autre porte, appelée Falsa ou del Soccorso se trouvait sur l’autre côté et elle s’ouvrait vers la campagne et la côte. Dans le passage il y avait les accès aux couloirs découverts et d’ici un bref parcours à baïonnette permettait d’arriver dans la cour, à l’intérieur de laquelle s’élevait la haute tour qui au rez-de-chaussée avait une chapelle dédiée à la Vierge de Constantinople. Toujours près de la cour était présente une autre chapelle communément appelée de S. Barbara dont les travaux ont été achevés à la fin du XVI siècle.

À partir du XIX siècle la construction de bâtiments publics et privés ainsi que le remplissage des fossés et la démolition des ponts-levis ont considérablement altéré la configuration du château-forteresse en effaçant le sens de séparation entre celui-ci et la ville.

Près du château, nous trouvons le témoignage le plus célèbre du baroque de Lecce: la Basilique de S. Croce et le Palais adjacent des Celestini. Les travaux pour la construction de la Basilique commencèrent en 1353, mais après 3 ans, à la mort de son mécène, Gualtiero IV de Brienne, ils furent interrompus pour être ensuite repris en 1549 par les architectes de Lecce Gabriele Riccardi, Giuseppe Zimbalo et Cesare Penna. Dans la construction, se succédèrent donc trois générations d’artistes, au cours de trois différentes phases, dans un chantier resté ouvert pour environ un siècle. Dans la façade nous trouvons fondu le style du seizième siècle à l’étage inférieur et celui du dix-septième siècle dans la partie supérieure. En 1606, Francesco Antonio Zimbalo construisit le portail majeur qui est surmonté par les blasons de Filippo III de Maria d’Enghien et de Gualtiero IV de Brienne; sur les portes latérales sont présents par contre les blasons de l’ordre des Celestini parce qu’en origine l’église était annexée à leur ordre et à celui de S. Croce. Dans la partie supérieure est présente la grande rosace centrale de style roman, qui est mise encore plus en évidence par les deux colonnes corinthiennes placées aux côtés et qui la séparent des niches latérales où il y a les statues de S. Benedetto et S. Pier Celestino. A la fin nous trouvons latéralement les deux statues symboliques de la Foi et de la Forteresse et en haut une autre bande très décorée et encore les trois morceaux du tympan et la croix au centre. L’intérieur de l’église est à croix latine et il est divisé en 3 nefs, avec l’arc central placé sur 16 colonnes qui arrivent jusqu’au transept. Pendant que les nefs latérales ont de petites voûtes d’arêtes, la centrale est à caissons dorés et elle est accompagnée par les blasons de S. Pier Celestino et de l’ordre des Celestini et la toile de la Trinité de Grassi. Dans le presbytère il y a la très belle abside au centre avec son maître-autel du ‘700 provenant de l’église des S. Niccolò et Cataldo. Le long de la nef nous trouvons sept chapelles pour chaque côté à l’intérieur desquelles nous trouvons les autels; à partir de la droite nous trouvons: une toile de S. Antonio avec l’apparition de l’Enfant, une fresque du XVI siècle avec la Sainte Vierge de Constantinople, une toile qui représente la Nativité de notre Seigneur, une image de S. Michele Arcangelo, une peinture de S. Filippo Neri et de S. Antonio de Padoue, une toile de S. Oronzo, toile avec le panorama de la ville de Lecce, une représentation du Sacré Coeur de Jésus, des Reliques, avec croix en bois sur le Mont Calvaire, une peinture sur bois qui représente la Trinité. Une curiosité que l’on devrait savoir est que l’Église de S. Croce et le Palais des Celestini ont été construits au cours du XVI siècle où était situé le quartier des Juifs. La Yudaica n’était pas de petites dimensions et en 1450 elle comptait une population d’environ 650 unités. Les premiers phénomènes d’intolérance commencèrent sous la domination espagnole et l’expulsion définitive des Juifs arriva en 1541, année au cours de laquelle pour volonté de Carlo V toutes les communautés hébraïques furent éloignées de ses domaines.

En parcourant corso Vittorio Emanuele, on accède à la Cour de l’Évêché, où apparaissent le Dôme et les immeubles de l’Évêque et du Séminaire. Le dôme fut construit pour la première fois en 1144, reconstruit en 1230 et enfin il fut restructuré complètement en 1659-70 par Giuseppe Zimbalo à qui on doit le haut clocher adjacent de presque 70 m et riche de terrasses, balustrades et décorations.

La perspective principale se développe sur deux ordres et elle est enrichie par les statues de S. Pietro et Paolo et Ludovic de Toulouse. La façade latérale est semblable à un arc de triomphe sur lequel se dresse la statue de S. Oronzo, il a une balustrade très décorée et aux côtés du portail fastueux il y a deux niches avec les statues des patrons de Lecce S Giusto et Fortunato. Le fait que la façade principale soit plus sobre et plus cachée que la secondaire, qui au contraire est plus riche, s’explique par des exigences de caractère urbanistique. En effet qui entrait dans la place ne se trouvait pas devant le côté principal mais secondaire. Voilà alors pourquoi la grande importance qui a été attribuée à ce côté par rapport au principal. L’intérieur du Dôme est à croix latine et il présente trois nefs divisées en piliers et semi-colonnes et il est enrichi par la présence de 12 autels, à l’exception du plus grand, et de peintures célèbres. La nef centrale et le transept ont un plafond en bois avec un caisson doré sur lequel sont présentes le toiles de la Prédication de S. Oronzo, de la Protection de la Peste, du Martyre de S. Oronzo et de la Cène, toutes réalisées par Giuseppe de Brindisi.

D’autres toiles réalisées par Oronzo Tiso et représentant le Sacrifice de Noé après le déluge, Notre-Dame de l’Assomption et le Sacrifice du prophète Élie sont placées sur le somptueux maître-autel réalisé en marbre et bronze et dédié à l’Assomption. Dans la crypte, reconstruite en 1500, on y accède à travers deux entrées placées en correspondance des piliers du transept vers la nef. Elle est constituée par une nef longitudinale à laquelle est relié un long bras de colonnade et, sur le même côté deux chapelles. Il y a en outre 92 colonnes qui soutiennent tous les milieux. Attaché au Dôme nous trouvons l’épiscope du ‘700 réalisé par Emanuele Manieri. Sur une haute base s’appuie un portique d’arcs à grande symétrie axiale. En haut, le corps central contient une des premières montres publiques de la ville réalisée en 1764 par Domenico Panico. La façade du Séminaire qui occupe presque tout le côté droit de la place fut commencée en 1694 par Giuseppe Cino et quand elle fut inaugurée en 1709 elle fut définie « .. la huitième merveille du monde. »

Lecce est une ville riche d’églises, parmi lesquelles l’église del Carmine, des SS. Niccolò et Cataldo, de S. Maria degli Angeli, de S. Maria della provvidenza, de S. Giovanni Evangelista, de S. Angelo, del Gesù, de S. Chiara, de S. Irene et nombreuses autres encore.

On peut encore aujourd’hui accéder à la ville en traversant une des trois portes utilisées par les anciens.

Au sud-ouest nous trouvons Porta Rudiade, un des accès de l’ancien mur d’enceinte, appelée ainsi parce qu’ici commençait la route qui permettait de rejoindre l’ancien établissement, d’abord messapien, et puis romain de Rudiade. Cette porte fut construite en 1703 et elle se présente comme un arc de triomphe dédié au Saint patron de la ville, dont la statue est placée en haut sur l’épigraphe dédicatoire, pendant qu’aux côtés il y a les statues de S. Irene et S. Dominique.

Porta Napoli, se trouve par contre dans une position isolée par rapport à l’ancien mur d’enceinte. La date sur l’architrave indique qu’elle fut réalisée en 1548, en honneur de Carlo V. Elle a une structure monumentale avec un grand tympan triangulaire soutenu par deux colonnes pour chaque côté avec des chapiteaux composites. À l’intérieur du cadre du tympan sont gravés le blason espagnol et des canons, eux aussi symbole de l’empire. Elle est aussi appelée Porta S. Giusto, du nom du quartier homonyme où la porte a été construite. Devant elle s’ouvrait une grande place où se déroulaient des exercices militaires et où se réunissaient les soldats et la chevalerie en cas d’attaque. À l’intérieur de l’arc, à droite, s’ouvre la Via delle Bombardate, appelée ainsi parce qu’ici depuis 1758 se trouvait le magasin des munitions de la ville.

Porta S. Biagio remonte au XVIII siècle et c’est la dernière appartenant au mur d’enceinte. En haut nous trouvons la statue du Saint et sur l’arc deux blasons de la ville de Lecce.

Jusqu’au ‘800 il y avait une quatrième porte, appelée Porta S. Martino placée au fond de via Matteotti.

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